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Nos choix de livres : « Plus haut dans les ténèbres », « Une femme de mauvaise vie », « Métaphysique de l’anthropocène II »…

LA LISTE DE LA MATINALE
Alors que la rentrée littéraire s’annonce, voici quatre dernières recommandations estivales. Avec l’écrivain hawaïen Sequoia Nagamatsu, et son premier roman inclassable, entre science-fiction et mythologie, Plus haut dans les ténèbres ; l’historien Bruno Bertherat, qui a enquêté sur un fait divers vieux de deux siècles, jamais élucidé ; la « femme de mauvaise vie » de la romancière Virginie Roels : Maria Tarnowska, autre héroïne de fait divers, il y a un siècle, celui-là. Mais aussi le philosophe Jean Vioulac, qui, dans Raison et destruction, poursuit sa vaste enquête métaphysique sur l’anthropocène.
ROMAN. « Plus haut dans les ténèbres », de Sequoia Nagamatsu
Et le ciel leur tomba sur la tête – littéralement. Le ciel des constellations et des rêveries d’une petite fille, Clara, qui, devenue grande, meurt dans l’effondrement accidentel du plafond d’une grotte sibérienne, inaccessible depuis trente mille ans. Son père, Cliff, archéologue spécialiste en génétique évolutionniste, prend presque aussitôt l’avion pour continuer son travail sur une momie d’adolescente qui vient d’être découverte. Du corps de celle-ci s’échappera un mystérieux virus, la « grippe sibérienne », qui est longtemps, croit-on, le personnage principal de ce roman.
Mais ce texte déroutant, difficile à classer, se défait rapidement des attendus de son genre a priori, la science-fiction. Si la propagation de cette étrange pandémie est le moteur de la première moitié du livre, la suite se métamorphose petit à petit, comme contaminée, elle aussi. Des personnages reviennent, d’autres thèmes, mythologiques, existentiels, s’imposent.
Le premier roman de Sequoia Nagamatsu, écrivain états-unien originaire d’Hawaï, laisse l’impression d’une bouteille livrée à l’immensité interplanétaire depuis ce vaisseau spatial parti à la recherche d’une autre Terre d’accueil qu’imagine l’auteur. Car, plutôt qu’un petit virus, c’est l’humanité tout entière qui est le personnage principal. Une humanité désordonnée, faillible, mais jamais à court de solutions, même désespérées. Un tel optimisme valait bien un livre. N. C. A.
HISTOIRE. « La Femme nue de la rue des Anglais », de Bruno Bertherat
Vous ne saurez pas son nom. Vous devrez abandonner d’entrée l’espoir de confondre le coupable, s’il y en a un. Même son visage est inconnu. « C’est un cadavre de papier, résume Bruno Bertherat, et ce que l’on en sait se résume à une vingtaine de lignes » : trois brefs rapports policiers et une entrée dans le registre de la morgue, prenant acte de la découverte, à Paris, rue des Anglais, le 7 mai 1806, « du cadavre nu d’une femme (…), victime présumée d’un crime qui n’a jamais été élucidé ».
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